Nous savons maintenant que l’impôt doit servir à réduire les inégalités par son action. Pourtant nombreux sont ceux qui souhaiteraient également qu’elle les réduise par sa constitution, avant même qu’elle ait un quelconque effet. C’est-à-dire que ceux qui ont plus paient plus. Cela semble juste, mais qu’en est-il vraiment ? Commençons par examiner les différentes formes d’impôts à travers notre exemple de la route secondaire vers les champs. Nous verrons ensuite qui paie les différentes formes d’impôts.

Pour rappel nous avons les acteurs suivants :

  • Le riche paysan qui a de grandes superficies, emploie donc d’autres paysans, a les moyens d’investir dans son outil de production
  • Les 9 paysans pauvres qui chacun individuellement produisent de petites quantités sur de petites parcelles. Ils n’ont pas les moyens d’innover et n’ont donc pas une productivité optimale
  • Les acheteurs du marché parmi lesquels il y a beaucoup plus de pauvres que de riches, selon la structure habituelle des sociétés (et le fonctionnement du capitalisme)

Quels sont donc les types d’impôt ? Qui les paie ?

types_impots

  1. Impôt sur la production. Cet impôt intervient alors que le produit final n’est pas encore livré, ni donc vendu. Ici on taxe par exemple l’outil de production (TVA, droits de douane) ou on taxe le travail des employés (charges salariales, etc.).  Quel que soit le cas, le producteur, riche ou pauvre fera intervenir cet impôt dans le prix de vente s’il escompte avoir un bénéfice. Ce sont donc les consommateurs au marché  qui paient directement cet impôt.

Dans le cas où le producteur est contraint de vendre à perte, il sera tôt ou tard contraint de cesser son activité. Si c’est le riche, cela entraînera du chômage (de pauvres) et une baisse de la production et donc une augmentation des prix sur le marché local, augmentation payée par les (pauvres) consommateurs. Si c’est le pauvre, il n’a plus de revenus, et la production baisse et donc les prix augmentent. Dans tous les cas donc, ce sont les pauvres qui paient cet impôt

  1. Impôt sur le produit final. Ici on considère que l’Etat doit récupérer une partie de la richesse produite. On impose donc une taxe qui vient s’ajouter au prix de vente. Le consommateur est celui qui paie directement. Là également ce sont les pauvres qui paient cet impôt.
  2. Impôt sur le revenu. Ou encore impôt sur la richesse acquise. Ici puisque vous avez gagné de l’argent, l’Etat en prend une partie. Il en est de deux types
    1. Proportionnel. Tout le monde paie un % identique sur ses revenus. On a alors un double désavantage pour les pauvres : Comme ils sont plus nombreux (dans notre cas, on prendra les 9 paysans et également les consommateurs du marché), ils participeront plus en proportion de l’impôt collecté que les riches. Et d’autre part, moins on a de revenus, plus tout retranchement d’une partie de ce revenu fait mal. L’écart entre les pauvres et les riches s’accroit donc car le riche paie l’impôt avec son superflu et le pauvre avec son nécessaire. Ce sont également les pauvres qui paient cet impôt.
    2. Progressif. Ici le % payé varie en fonction des revenus. Plus on a d’argent, plus ce % augmente. Cela semble plus juste. A titre d’exemple, en France, 10% des ménages (les plus riches) paient 70% de cet impôt et seulement 43% des foyers en paient même un (cela signifie que 57% des foyers, les plus pauvres, ne paient rien). Cet impôt semble donc atteindre l’objectif de réduire les inégalités par constitution et par seulement par son action. impôts progressif

Sauf que malgré cette progressivité, le reste à vivre des plus riches reste très bon. Cela veut dire que le % maximal n’est pas très élevé. En France par exemple il est de 45%.  Hollande lors de la campagne de 2012 avait parlé d’un taux de 75% pour les plus hauts revenus. Cela a finalement été abandonné (par lui) après n’avoir quasiment rien rapporté, et augmenté le nombre des exilés fiscaux. En effet si notre riche est taxé de tous ses revenus, soit il n’a plus intérêt à investir dans ses champs (et ce sont ses salariés qui perdront leur emploi) soit il essaiera d’aller dans le village / pays d’à-côté qui a de moindres taux. Dans une économie ouverte, OU tout le monde est d’accord pour appliquer de telles taxes (impossible, et si ça arrivait on aurait une productivité moindre et donc des prix en hausse) OU le taux maximum sera limité.

Quand on limite ce taux, on se retrouve donc avec un impôt sur le revenu qui ne peut pas être un impôt majoritaire dans la part totale de l’impôt. En France par exemple, il ne rapporte que 77 Milliards à côté des près de 300 milliards de la TVA. Bien que cet impôt soit le moins inégalitaire, il ne change pas le fait qu’au global ce sont les pauvres qui paieront.

  1. Impôt sur le patrimoine. Le but est de prendre non plus le revenu, mais le capital accumulé (en biens mobiliers ou immobiliers). Mais là également, sous peine d’inefficacité, il est forcément limité. En témoigne la liste des pays l’ayant supprimé. En France par exemple, avant sa suppression il ne rapportait que 5 Milliards soit moins 1% de l’ensemble de l’impôt collecté. Il n’est pas significatif.

En conclusion, quel que soit le type d’impôt, ce sont les pauvres qui le paient.

m999.66.24

Il vient donc que si on ne veut pas accroître les inégalités (à défaut de les réduire), il faut ABSOLUMENT que l’utilisation de l’impôt aille à la réduction effective de ces inégalités. ABSOLUMENT. Ce sera l’objet de l’article suivant…

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